Je sais que de là où tu es tu ne peux pas me lire, mais j’ai cette impression, parfois de ne pas avancer seule. Je sais que mon esprit se moque de moi, que tu n’es pas là, mais j’ai besoin d’y croire parce que je ne refuse d’admettre que je serais seule à jamais. J’ai besoin de savoir que l’un de mes parents m’aime pour ne pas perdre ce que j’ai.
Je ne dirais pas que je vais bien, non, au contraire. Je vais mal, j’ai très mal et je n’arrive pas à sortir la tête de l’eau. Enfin, c’est ce que j’ai écrit avant que je n’arrive dans cette ville. Je ne suis plus seule, j’ai Damon, ce qui se rapproche de plus de ma famille, d’un frère. Il est protecteur et j’arrive à me confier facilement, chose improbable pour moi, mais lui, je lui fais confiance.
Pourtant, je n’arrive pas à m’avouer que je perds pieds. Quitter l’Irlande m’a détruite, moi qui n’avais que mes racines pour me tenir en vie. Je n’ai à présent plus rien et je vogue dans un océan de détresse. Pourtant… Oserais-je t’avouer, à toi, parce que j’ai besoin de le dire, qu’un soleil à l’horizon approche ?
J’ai terriblement peur qu’il me retrouve, mais je sais que cette fois, si tel était le cas, je ne serais pas seule à l’affronter et c’est ça qui me donne ma force de me lever chaque matin. Ce « ça » veut bien dire Damon et ses paroles, ses promesses, mais il n’est pas seul…
Oserais-je t’avouer que pour une fois, mon cœur à laisser entrer quelqu’un ? Je me sens tellement idiote et futile, parce qu’à côté de lui, je me sens terriblement risible, mais dans ses yeux… Et son sourire maman ! J’aurais aimé que tu sois là, pour que ses mots sortent par mes lèvres plutôt que baigner par mes larmes. J’aurais aimé te dire, maman, que j’avais rencontré quelqu’un que je ne considère pas comme un ami. Je refuse qu’il soit mon ami. Il me fait me sentir forte, il me fait découvrir une facette de moi que jusqu’alors, je ne connaissais pas. J’ai peur de  la suite, peur d’avoir fait une erreur en le laissant entrer trop proche de mon cœur, mais j’ai peur aussi si c’était réciproque. Non, comment cela pourrait-il l’être ? Il est beaucoup trop bien pour moi. Il est parfait maman…

Maman… Ce vide que tu as laissé, de ne connaitre ni ton prénom, ni ton visage me détruit chaque jours un peu, mais je pars dans l’idée, qu’un jour, toi et moi, on se retrouvera, que je trouverais ma place dans tes bras. Je manque cruellement de toi, de tes conseils, de ton soutient. On a tous besoin d’une mère, d’un père. J’ai manqué de ça…
Maman, j’ai peur de mes pensées. La mort me suit et est ma meilleure ennemie. Il y arrivera un jour et si ça n’est pas lui... Ce sera moi.

Ta fille qui se demande quand elle va mourir...