Je commençais à rencontrer certaines personnes et toutes mes rencontres n’étaient pas négatives. Non, loin de là, surtout pour une en particulier. Un homme cultivé et intéressant. Ce genre d’homme que l’on peut écouter pendant des heures sans s’ennuyer. Charmant, c’était un fait. Pourtant, malgré tout ça, malgré les rencontres, je n’arrivais toujours pas à dormir correctement. Je n’arrivais pas à manger. Boire était assez rare, mais ça, ça allait. Je suis Irlandaise, alors boire n’est pas un souci. Mais ce soir, je n’avais pas envie de ça, j’avais juste envie de me retrouver seule, complétement. On dit que l’on vit seul et que l’on meurt seul. Dans mon cas, c’était ça. J’avais vécu seule, sous les coups de mon père, j’avais perdu ma mère, mes amis, mon compagnon parce que la fuite était simple, j’avais pris cette option. Il arrive à un moment dans sa vie où l’on ne réfléchis pas, où l’on part parce que c’est la seule chose à faire, parce qu’on n’a pas le choix si l’on veut vivre. Ou survivre. Mes pas m’avaient conduit au lac, c’était un endroit tellement beau. La lune se reflétait dans l’eau, le vent frais me chatouillait la peau. Je regardais la petite étendue d’eau, en me rappelant ma ville natale, mon pays et bien évident, par toute logique, ce qui m’avait poussé à fuir. Evidemment, les larmes commencèrent à rouler sur mes joues. Comment m’étais-je perdue ici ? Je me sentais tellement mal d’être en dehors de chez moi. J’avais ce trou béant dans la poitrine et je n’arrivais pas à enlever ce sentiment d’abandon total. J’en avais assez d’être seule, j’en avais marre de tout. Marre de ma vie, marre de ce que je vivais, ce que je ressentais. J’en avais marre de ma personne, marre de ces souvenirs qui venaient nuit après nuit. Marre de regarder toujours derrière moi de peur que mon peur y soit.
Un bruit derrière moi attira mon attention. Je me retournais brusquement, regardant dans les alentours. Mon pouls s’accéléra. J’avais tellement peur. La peur était devenue ma meilleure amie. Je resserrais ma veste sur moi en faisant un pas en arrière. Je n’allais pas poser la question bateau « qui est là », c’est complètement stupide en soi. Puis, une ombre se dessina, un homme visiblement. J’étais anxieuse, mais lorsque que je vis la personne arrivé devant moi, je fus quelque peu choquée. Une larme coula encore lorsque je reconnus la personne en face de moi. Cet homme aux allures froides et antipathique. Cet homme brusque et sans cœur mais que j’avais rencontré, une fois, dans mon pays et qui, malgré son caractère avait été parfait.
- Da…Damon ? C’est bien toi ?
Comment était-ce possible que cet homme soit dans cette ville. Dans la même ville que moi.

C’était tellement incroyable que cet homme soit en face de moi. De Damon, je n’ai qu’un souvenir, mais un beau souvenir. Il était apparu dans ma vie, comme un ange, mais pas l’ange blanc merveilleux, non. Damon à ce quelque chose de mauvais dans l’œil, il fait parfois peur, mais lorsqu’il avait été près de moi… Au début, il me faisait peur, mais par la suite, il avait eu ce quelque chose de perturbant qui avait fait en sorte que j’me confie à lui. C’était la première personne à qui j’ai osait dire la vérité sur moi, sur mes peurs. Ce soir-là, lui et moi, autour de plusieurs bouteilles, dans un rade paumé, nous avions parlé. Il m’avait écouté, m’avait réconforté et m’avait un peu parlé de sa famille. De Stefan, son frère avec qui il avait eu beaucoup de soucis et cette femme qu’il ne voulait pas nommer, mais qu’il avait aimé pendant des années.
Il est là, devant moi, avec ce sourire tellement chaleureux. Ce sourire charmeur qui illuminait le visage de cet angelot. Il est si beau, si pareil à la fois où je l’ai vus, et moi, je n’ai pas changé, je suis toujours la petite donzelle qui pleure. Lorsqu’il prononça mon prénom, lorsqu’il me tendit la main, mon corps se mit à réagir de façon incontrôlée. Je marchais vers lui, assez rapidement, pour ne pas prendre sa main, mais pour finir contre lui. Le voir, au moment même où j’avais besoin de quelqu’un, comme la dernière fois, me fit du bien. Je me suis mise à pleurer, quelques larmes, contre le torse du beau Salvatore, rassurée d’être là avec lui.
Je n’ai jamais vu Damon comme un prédateur, comme un monstre, je n’avais aucune raison. J’étais loin de savoir qui il était vraiment. Heureuse que je suis d’être dans un monde où les vampires hypnotisent les humains avec tant de facilité pour leur faire tout oublier.
Je me reculais de Damon, esquissant un petit sourire gêné.
- Excuse moi…
Je passais ma main sur mon visage pour enlever mes larmes et regardait ailleurs, honteuse d’avoir été si faible, d’avoir craqué en le voyant.
- Je suis contente de te voir…Mais qu’est-ce que tu fais là ?
J’étais vraiment contente, c’est un fait. Mais la fuite, ma fuite…Je ne voulais voir personne que je connaissais. Je ne voulais pas m’expliquer, pas craquer, pas raconter, pas subir les yeux pleins de haines sur ce que j’avais fait. Beaucoup de gens fuit, un jour où l’autre, mais dans mon cas, la culpabilité est-elle que j’ai du mal à m’en remettre. Mon pays me manque, le sommeil me manque. Mon père, toujours là dans mes cauchemars, à chaque fois, il me tue, manque de me tuer… Dieu que j’aimerais que ça s’arrête. Parfois, la mort est un soulagement.

Vous savez, vous à la fierté tenace, lorsque vous lachez prise et que quelqu’un, l’espace d’une seconde se présente à vous et que vous vous sentez moins seule ? Cet instant, je l’avais trouvé grâce à Damon. Il avait toujours eu ce quelque chose dans le regard qui fait froid dans le dos, pourtant, je n’en avais jamais eu peur. Damon était une personne qui, même si ça n’a duré que quelques heures, m’avait écouté, m’avait montré que je n’étais jamais seule mais qui été surtout parti. Pourtant, je ne lui en avais pas voulu, nous n’étions rien. Quelle surprise lorsqu’il m’annonça vivre ici, que c’était même sa ville natale. Un coup du sort ? Le Destin ? Aucune idée, mais j’en étais infiniment heureuse. Pourtant si j’avais pu sourire, celui-ci se fana lorsqu’il me parla, de moi, de ma fuite, de mon père. Même la première nuit où je l’avais vu, j’avais remarqué que le tact n’était pas son fort, il venait de me montrer une fois encore et de faire exploser mon cœur. Je détournais le regard, honteuse et malheureuse. Il me prit la main et je me laissais tiré comme si mon corps n’était qu’un bout de bois et lui, le marionnettiste.
Il me demanda s’il me dérangeait, je secouais la tête pour lui dire, lui faire comprendre, que bien évidemment que non, il ne me dérangeait pas. Même s’il avait mis le doigt sur ma peine, il ne me dérangeait pas. Avait-il compris à quel point son manque de tact m’avait affecté pour que je puisse plus parler ? Il me demanda mon téléphone, mettre son numéro dedans et ses paroles me firent un ben fou. C’était digne d’un ami, d’un confident, digne d’un frère. C’est idiot de penser ça de quelqu’un que l’on a vu que, deux fois, pourtant, il y avait eu ce petit quelque chose entre lui et moi et ça, depuis le début. Rien à avoir avec l’amour, avec de l’attirance, nos, juste panser les plaies de l’autre.
Je lui tendis mon téléphone en remarquant que depuis mon arrivée, je n’y avais pas touché. Lorsque Damon alluma mon téléphone, je tombais sur une photo de Smith & moi. Les larmes se remirent à monter. Il fallait que je supprime tout passage de lui dans ma vie. Si les larmes versaient était emplies de peine, ça n’était pas pour avoir perdu mon amour, mais de lui avoir fait mal. J’avais compris que je n’étais pas amoureuse, pourtant, il n’a eu aucune explication.
- Après tout départ… j’ai changé… j’ai trouvé quelqu’un… Deux ans avec lui. C’était…bien.
Mon regard se posa sur le ciel, retenant mes larmes. Pleurer, je n’aimais pas ça, il fallait que j’arrête ça.
- Puis, je l’ai vu… Il y a quelques jours. Il était à Dublin… Il était prêt de chez nous… Il m’avait retrouvé... J’ai pas réfléchi, je savais pas quoi faire… Je voulais pas le dire à Smith, je lui en ai jamais parlé… Je suis rentré chez nous, j’ai pris des affaires, de l’argent et je suis partie…
Un sourire bien triste fendit mon visage. Revivre ça, c’était pénible, mais c’est un bien qui fait, du moins, c’est ce que je pense, au fond de moi. Je voulais changer, je ne voulais plus être la même.
- Damon…J’ai peur. Peur de ce qui m’attend, peur qu’il me retrouve…Peur qu’il me tue.
Ma voix se cassa dans un sanglot que je retenais et je baissais la tête. Rien de changeais. Il venait, je parlais, je pleurais et il allait partir, une fois encore. Il me laisserait seule. Comme les autres.

Je me sentais idiote, mais après tout, c’était normal, non ? Le monstre qui voulait ma mort depuis ma naissance m’avait trouvé, j’avais fui et maintenant, j’avais tout quitté pour me retrouver dans un monde tellement nouveau, tellement différent. Voir Damon et ne plus se sentir seule me fit du bien. Même si parfois, c’était un mufle. Je le laissais faire, pour sa photo, pour la mienne, pour les téléphones. Je ne pouvais dire non de toute façon. Il reprend mon téléphone et en même temps qu’il me parle, il supprime toute trace de Smith. Il avait raison, je le savais, mais ça n’était pas Smith qui me faisait mal. Certes, je me sentais complètement coupable de l’avoir laissé de cette manière, mais je devais avancer. C’était injuste pour lui. C’est toujours injuste pour ceux qui restent derrière quand l’autre part. Parfois, on n’a pas le choix, c’est mieux… Je reprends mon portable et sa voix continu de me caresser.
Et ensuite, n’ai plus peur, je suis là maintenant et dès que tu as une crainte quelconque, lâche moi un coup de fil d’accord?
Je le regardais, émut. Sa voix me fit beaucoup de bien, me rassura. C’était une promesse, un synonyme de vie. Dans ses mots, j’avais l’impression que tout était bon. Je hoche la tête, avec un sourire reconnaissant. Sa main prend la mienne, ce contact me fit frissonner, mais ça me calme. Pourtant, je me sens étrangement en danger, comme protéger dans ses bras. Ca n’est pas normal. Je suis étonnée lorsqu’il me prend contre lui. Ses bras autour de moi, une fois encore, j’ai les larmes aux yeux, mais je ne veux plus pleurer. Je profite de ces secondes contre son corps. Ses paroles… Encore à nouveau. Il enlève sa casquette de gros mufle qui fait mal, qui tape là où c’est fragile, pour aider à recoller un cœur brisé. Lorsque ses yeux se plongent dans les miens, je vois toute la profondeur de ses paroles. Je comprends à quel point, il était sérieux. Je comprends toute l’ampleur de sa promesse. Mon père ne me fera plus rien, sinon, il va mourir. Venant de quelqu’un d’autre, je ne l’aurais pas cru, mais lui, Damon, dans ses yeux, je vois qu’il ne rigole et je ne sais pas pourquoi, mais je le crois. Je ne devrais pas et devrais penser que ça n’est que des paroles. Pourtant, je sens que ça ne l’est pas, ça n’est pas des mots. Je passe mes bras autour de son cou, en enfouissant mon visage dans sa nuque.
- Merci Damon.
Merci de me faire peur en me disant que tu serais capable de tuer. Merci d’avoir fait en sorte que j’avance malgré tout. Merci de me promettre de ne pas me laisser. Merci de me donner quelqu’un, dans ma vie, à qui je peux m’accrocher sans partir. Merci d’être une attache.
Je relève mon visage avec un sourire nerveux. Nos visages sont tout prêts. Trop proche. Je rougis, à dire vrai, je ne l’avais jamais envisagé de cette manière. Damon était un homme après tout. Ca n’était que la deuxième fois que je le voyais, je n’avais pas pensé à lui dans ces termes. Mais sans doute que les larmes, mon cœur qui s’accélère, ses paroles, ses promesses, je le vois comme ce qu’il est. Un homme avec un charme fou. Faisant référence à ses paroles « je n’ai plus peur, je suis là maintenant », je passe ma main sur son visage, lentement, tendrement.
- Si tu ne pars plus, je ne pars plus.
C’était une promesse. Il ne fuira pas, je ne fuirais pas. Malgré qu’il soit fort, qu’il soit ce qu’il est, je le voyais prêt à fuir, non pas moi, mais ce qu’il se passait ici. Je voulais en parler, mais mes yeux se posaient sur ses lèvres. Le faire était une erreur, non ? Pourtant, j’en avais envie, je crois. Mon cœur s’emballa tellement. Je me rapprochais, toujours ma main sur son visage, nos lèvres tellement proches. Et si j’osais ? Je ne voulais pas que ça change entre nous, mais…Et si j’osais ? Il ne me voyait pas comme une femme, il ne voyait comme une enfant. Pourtant, à cet instant, j’avais besoin de plus. J’avais besoin qu’il me voit autrement. J’avais envie de faire quelque chose de fou, pourtant, je ne savais pas si lui voulait la même chose. Pétrifiée, je n’osais pas. Si jamais il ne m’embrassait pas, je ferais passé ça pour de la tendresse. SI jamais il le faisait… Aucune idée.

Je me sentais tellement petite dans ses bras. Il avait ce quelque chose qui me rendait encore plus fragile que je ne le suis, pourtant, il m’apporte une force qui me rend meilleur. On se donne, une chance de se battre pour quelqu’un d’autre et ça, ça n’a pas de prix. Si je n’avais pas eu envie de l’embrasser ? C’était un mensonge. L’espace de quelques secondes, oui j’y avais pensé. Ne pas y penser ferait de moi une idiote. Damon est beau. On voit, dessinait sous ses vêtements, un corps qui en ferait rêver plus d’une, même moi qui fait en sorte de ne donner aucune attention aux hommes et aux histoires, pourtant, je ne suis pas aveugle pour autant. Je voulais, à mon tour, le rassurait, être présente, comme il l’était pour moi. C’est étrange ce que le Destin peut faire. Une fois, en Irlande, là où j’habite et une autre fois, en Amérique, là où il habite. C’est une partie la plus belle de la Destinée, comme si nous étions fait pour nous rencontrer à nouveau, pour faire en sorte de ne jamais nous quitter. Je vois dans ses yeux beaucoup de tendresse pour moi et dire que ça ne me touche pas serait un autre mensonge. Sa main se pose sur ma joue et ma respiration se coupe l’espace de quelques secondes. L’instant n’est-il pas parfait pour un baiser, pour autre chose ? Les secondes passent et je sens une boule se former dans mon ventre. Je devrais me reculer, pourtant, je ne le fais pas, je ne le veux pas vraiment. Ses lèvres viennent toucher les miennes, c’était inévitable, je ne suis pas surprise, pourtant. Je ne sais pas, je me sens tellement étrange. Je sens sa douceur je sens qu’il rend de ce moment, un moment passionné. Je ne bouge pas, je ne sais pas quoi faire. Si je lui rends son baiser, sans doute un peu, oui. Pourtant, alors que c’est Damon qui m’embrasse, le voit le visage d’un autre. Voir Smith ne m’aurait pas étonné plus que ça, pourtant, alors que j’affectionne ce moment avec Damon, c’est le visage d’Elijah qui se force dans mon esprit.
Damon rond le baiser et je reste quelques secondes sans respirer. Il me regarde, ses yeux empli de tellement de tendresse, de bienveillance et d’une envie de moi non dissimulé. Ce dernier point me fait rougir, mais aussi parce qu’il vient de m’embrasser. Il s’excuse, en me précisant qu’il ne pouvait pas faire autrement. C’est aussi de ma faute, je l’ai cherché en soit, mais je ne m’attendais pas à une fin pareil, dans ma tête, c’est la guerre. Je sens à nouveau ses lèvres sur ma peau et j’en frisonne. Il se recule et me dis que je peux le frapper, qu’il ne ferait rien. Le souci c’est que je ne sais pas ce que je veux. Je n’ai jamais été du genre à chercher la compagnie masculine, il n’y a qu’à voir avec Smith, deux et nous n’avions couché ensemble que quelques jours avant que je parte. Et là, je me retrouvais dans un cadre parfait avec quelqu’un que je ne laissais pas insensible, que je trouvais beau, pourtant, je ne sais pas quoi faire.
Ce qui m’étonne d’autant plus, c’est le visage d’Elijah qui est venu à moi. J’avais aimé cette discussion et sa compagnie, mais pourquoi me revenir maintenant, alors que je ne le verrais sans doute plus jamais surtout dans un moment aussi intense.
Je me relève, en murmurant très lentement de petites paroles.
- Je ne te frapperais pas.
Mon cœur continue de battre la chamade et je fais quelques pas pour éviter de me retrouver seule, collé à Damon. Si je pourrais craquer et l’embrasser à mon tour ? Sans doute que oui, mais est-ce que ça serait une bonne chose ? Mes doigts viennent se poser sur mes lèvres. C’était tendre comme baiser. Il y avait quelque chose, chez lui de Bestial, pourtant, avec moi, il était tendre et doux. J’imaginais à nouveau se baiser et j’en rougissais d’autant plus. On ne peut pas dire que j’avais eu de nombreuses expériences et je ne savais pas quoi faire. Je ne m’attendais pas à ça, pas au début. Je ne pensais pas que Damon me voyait comme une femme, au lieu de me voir comme une enfant paumé. Je revois son regard dans le mien, ses lèvres douces qui s’approchent et me procure un certain plaisir. Pourtant, je suis anxieuse. Damon est la seule personne, pour l’instant, que je compte comme amis et je ne veux pas que ça brise un lien fort entre nous. Damon et moi fonctionnons d’une manière différente. Je sens qu’il préfère le sexe à la relation sérieuse et moi, je ne suis définitivement pas le genre de personne à coucher pour le plaisir.
- Damon…
Je soupire et joue avec mes mains, nerveuse. Pourquoi a-t-il fallut qu’il le fasse ? Que je ne me recule pas ? Que je lui intime que j’étais d’accord. Parce que j’en avais envie…Et que maintenant, à y réfléchir, je vois que je ne suis pas le genre de personne à faire des choses sans réfléchir.
- Je ne sais pas… Je ne pense pas…
Qui a-t-il à comprendre dans cette parole, pas grand-chose, visiblement, mais c’est les seules paroles qui peuvent passer mes lèvres. Je suis dans un tourment interne et je n’aime pas ça. Smith est loin de ma tête et il ne devrait pas, j’ai passé deux ans avec qui et j’arrive à l’oublier si facilement… Et puis, il y ce visage angélique de cet historien qui m’interpelle. Damon, sa douceur, son tempérament de feu, une bête qui pourtant vient de me montrer que je ne suis pas qu’une fragile fleur, mais que j’arrive à plaire. Non, vraiment, il faut que je me calme, que j’arrête de penser, sinon ma tête va bientôt finir par exploser. Je n’ose pas le regarder, je suis honteuse. Non pas honteuse du baiser finalement. Peut-être honteuse de ne pas lui avoir rendu réellement. Honteuse de ne pas avoir craqué, ce qui aurait pu me faire changer les idées. Honteuse d’avoir pensé à un autre. Honteuse de me dire que si cet autre n’était pas venu, je ne serais sûrement pas là, à réfléchir si intensément et que je serais dans les bras de Damon. Pourtant, je sens que Damon ne m’aime pas, il n’est pas amoureux et pour moi, c’est important. Nous ne sommes pas amoureux l’un de l’autre, continuer ce qui c’était produire était peut-être une erreur. Pourtant… Je ressentais ses lèvres sur les miennes et un léger sourire vint perler mes lèvres.

Mon esprit allait et venait loin d’ici. Je réfléchissais à ce qui venait de se passer. J’hésitais entre le plaisir et le dégout. Non, pas le dégout, c’est trop fort comme terme, mais dire que j’étais perdue. J’avais une once de regret, voir même une grande, mais comment je pouvais lui dire ? Lui dire que je regrettais comme j’avais apprécié qu’il me considère comme une vraie femme, pas une gamine apeurée et détruite. Avant que je continue à lui parler, où à réfléchir. Il arrive vers moi, il me sourit et je ne peux que lui rendre son sourire. Je sens sa main prendre la mienne, mon cœur s’emballe à nouveau et avant que je puisse réfléchir, ses lèvres se posent à nouveau sur les miennes. Ça dure plus longtemps qu’avant. C’est plus doux, mais avec plus de sous-entendu. Cette fois, je reste impassible. Trop surprise par son geste, mais résolu à ne pas allez plus loin. Je lui avais laissé une chance de m’embrasser, sans doute grisée par la peur, la tristesse et le moment. Ses paroles me font peur. Lui et moi ne voyons pas ça de la même manière et je pense que ça bloquera pas mal de point. Il voulait que je me laisse aller, dans la théorie, je comprends, pour le reste, je ne peux pas cautionner ses paroles. Les yeux dans les yeux, il me fixe, tout en parlant. Sa main sur ma joue, il se rapproche, seulement pour m’embrasser sur le front. Je le sens proche de moi, je le sens tendre. Nos doigts se croisent et il me promet que j’irais mieux. Pour moi, néanmoins, le sexe n’est pas ça. Je suis peut-être vieux jeux, mais je veux de l’amour, de la tendresse, pas juste l’espace d’un instant, une osmose entre deux corps pour se réconforter l’un l’autre. Je ne vois pas l’acte ainsi et je ne peux pas offrir ce que j’ai à offrir à Damon. Je soutiens son regard et laisse ma main monter à son visage. Mes yeux trahissent ma peine et ma voix se fait tel un murmure.
- Regardes moi et dis-moi que tu as vraiment envie de moi, de mon être. Dis-moi que tu ne fais pas ça parce que quelqu'un te manque. Dis-moi que si tu veux faire ça, ça n'est pas parce que je suis fragile, parce que tu pourrais faire ce que tu veux de moi. Dis-moi que, si on unit nos corps, tu ne penseras pas à elle ?
J’ai peut-être une chance de me tromper. Il a l’air d’être ce genre d’homme qui fait l’amour sans penser au lendemain, mais ça n’est pas moi et je ne veux pas l’être.
- Ta douleur je la connais. Je l'ai déjà vu. Penses-tu que te consoler dans les bras d'autres filles te la fera oublier ? J'en ai vu beaucoup des comme toi en Irlande. Ne fais pas de moi, juste une conquête de plus. Ne me rabaisse pas à ça.
Mes yeux et ma voix le supplie. Je suis son amie, je ne veux pas devenir quelqu’un que je ne suis pas et regretter d’avoir céder. Je ne suis pas ce genre de fille, ni celle à le faire dans la forêt sans avoir de réel sentiment. J’ai très peu d’expérience dans l’intimité. Avec Smith nous ne l’avons fait qu’une fois, avant que je parte. Je n’ai fait l’amour qu’une fois et j’ai ressentis se besoin d’être en complète osmose, de faire l’amour parce que se sentiment sera là. Oui, je passe pour une idiote et sans doute qu’un jour, je changerais d’avis, mais pour l’instant, je suis trop fragile. Je veux une protection, pas ce genre de chose. Je pose alors la tête contre le torse de Damon et ferme les yeux. Je sais qu’il comprendra que je ne peux pas. J’espère. Je sais qu’il comprend que je suis dans un état où je suis brisée, où je ne suis rien de plus qu’une coquille vide.

Il me lâche en reculant. Je le regarde sans pouvoir bouger. J’ai peur de lui faire mal, de l’embêter, de l’énerver. Peur de dire ou faire quelque chose de mal. L’entendre s’excuser me fait autant de bien que de mal. J’avais eu aussi envie de se baiser, mais pas d’aller plus loin. Je devais être aussi fautive que lui. Damon se livre à moi. Il est honnête et je vois qu’il souffre. Il n’a pas l’air heureux et il est bien loin d’être l’homme fort et fier. Il est humain. Manque d’affection ? Je me mords la lèvre, honteuse et compatissante. Je connais cette sensation, même si nos avis divergé par la suite, nous avions ce point commun. Je le vois s’éloigner encore plus de moi et je le laisse continuer sans savoir quoi faire où quoi dire. Je ne sais pas comment agir dans de telles situations. J’avais eu des mots assez durs, je m’en rend compte. Avoir cette intimité qu’il voulait n’était pas me rabaisser. L’inexpérience m’avait fait me fourvoyer et lui avait causé du tort. Il se tourne et s’en va. Comme ça, simplement. Qui suis-je pour le juger ? N’étais-je pas parti, moi aussi ? Je m’en veux. Avant que sa silhouette ne s’éloigne pour de bon, je me mets à courir vers lui et je lui saisit la main avec la force d’une humaine apeurée que je suis. Je l’oblige à s’arrêter et le force à me faire face. A nouveau, des larmes dans les yeux, une main se glisse sur son visage.
- Damon. Ne pars pas. Pas comme ça.
Je dois dire que je ne sais pas quoi dire et je me rappelle enfin les paroles qu’il a prononçait un peu plus tôt.
- Tout va changer maintenant, je te le promets, je ne partirai pas. Tu vois ? Tu me l’as dit tout à l’heure. Alors ne pars pas.
Je me glisse sur la pointe des pieds et embrasse tendrement sa joue.
- Je ne veux pas que tu partes de cette manière. Je ne veux pas partir non plus. Damon tu es la seule personne qui me comprenne. La seule personne qui me connait, alors je t’en prie…
Je caresse lentement son visage avec un léger sourire. Ma main quitte sa joue pour prendre sa main. Je veux montrer à Damon qu’il peut me parler, que je ne juge pas et que je veux le protéger, l’aider du mieux que je peux, comme lui l’avait fait aujourd’hui, comme il y a 5 ans.
- Ramènes-moi chez moi. Oublions ce soir et tenons nos promesses ?
Il ne voulait pas me laisser, il me l’avait dit. Il m’avait promis qu’il serait là et j’étais là pour lui. Nous ne nous connaissions pas, pas réellement, c’était quelques heures par-ci par-là. Pourtant, un lien s’était créer entre lui et moi et je ne voulais pas perdre le seul repère que j’avais.

j’étais en m’offrant à lui. Il y avait aussi une autre raison, comment dire à un homme qui a de l’expérience que nous n’en avons pas ? Je n’ai couché avec un homme qu’une fois dans ma vie. Une seule et unique fois. Je ne voulais pas me rendre ridicule. J’avais eu peur de le perdre, peur d’avoir gaffé moi aussi. Le baiser, je l’avais voulu d’une certaine manière aussi. Puis choquée d’avoir vu le visage d’un autre, je ne pouvais plus avancer. Tout, comme une certaine forme du destin faisait tout pour que je ne couche pas avec lui. J’avais vu les signaux, je ne pouvais aller contre. Je voulais le rassurer, le retenir et loin d’imaginer que je pouvais le tenter à nouveau. Je n’irais pas jusqu’à le supplier, j’ai aussi ma fierté. Je l’avais senti hésitant et l’espace d’une seconde, une fois encore, je pensais l’avoir perdu. J’aurais été en colère contre lui si jamais il avait refusé juste parce que je ne me m’étais pas donné à lui. Heureusement, ça ne se passa pas comme ça. Il accepta de me ramener chez moi. C’est dans un silence de plomb que le retour se fit. J’étais mal à l’aise, pourtant, avec ce contact charnel qu’il me donnait en tenant ma main, je me sentais forte. Je voulais croire à ses promesses parce que j’avais besoin de repère. Sans doute besoin aussi de quelqu’un, mais j’avais surtout besoin que l’on me rassure, protège, mais surtout que l’on me jure que plus jamais je n’aurais à craindre mon père. Damon me l’apportais.
Une fois devant ma porte, je le regardais, toujours aussi anxieuse.
- Merci Damon. Je ne pense pas que rentrer serait une bonne idée. Merci pour ce soir.
Je lui adressais un tendre sourire avant de poser mes lèvres sur sa joue.
- Je suis contente de t’avoir retrouvée. Je suis contente que tu sois à nouveau dans ma vie.
Je lui adresse un clin d’œil amical avant de mettre la clé dans la serrure.
- On ne se quitte plus, n’est-ce pas ?
Je n’attendis pas sa réponse et je m’enfermais chez moi. J’étais loin de me dire que j’avais bien fait de ne pas l’inviter à entrer. Dans mon appartement, je me laissais tomber dans mon canapé. Cette soirée avait été rude, même si importante, même si rassurante. J’étais heureuse et sereine, même si dans mon fort intérieur, je continuais à douter de l’avenir. Cette idée que mon avenir prendrait fin rapidement était devenu incertain.